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ils expriment parfaitement le caractère du seul amour humain qui soit possible dans la morale métaphysique, qui consiste précisément à ne point aimer les hommes pour eux-mêmes, par propre besoin, mais seulement pour complaire au maître souverain. Au reste, il doit en être ainsi ; car du moment que la métaphysique admet l’existence d’un Dieu, et les rapports de l’homme avec Dieu, elle doit, comme la théologie, leur subordonner tous les rapports humains. L’idée de Dieu absorbe, détruit tout ce qui n’est pas Dieu, remplaçant toutes les réalités humaines et terrestres par des fictions divines.

Dans la morale métaphysique, ai-je dit, l’homme arrivé à la conscience de son âme immortelle et de sa liberté individuelle devant Dieu et en Dieu, ne peut pas aimer les hommes, parce que moralement il n’en a plus besoin, et parce qu’on ne peut aimer, ai-je ajouté encore, que ce qui a besoin de vous.

Si l’on en croit les théologiens et les métaphysiciens, la première condition est parfaitement remplie dans les rapports de l’homme avec Dieu, car ils prétendent que l’homme ne peut se passer de Dieu. L’homme peut donc et doit aimer Dieu, puisqu’il en a tant besoin. Quant à la seconde condition, celle de ne pouvoir aimer que ce qui a besoin de cet amour, on ne la trouve point réalisée dans les rapports de l’homme avec Dieu. Ce serait une impiété que de dire