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une dépendance mutuelle, rencontrant en dehors d’eux-mêmes une infinité d’objets différents, les individus humains, comme tout ce qui existe dans ce monde, sont des êtres passagers, limités et finis. Mais en reconnaissant cela, ils devraient renoncer aux bases mêmes de leurs théories idéales, ils devraient se ranger sous le drapeau du matérialisme pur, ou de la science expérimentale et rationnelle. C’est à quoi les convie aussi la voix puissante du siècle.

Ils restent sourds à cette voix. Leur nature d’inspirés, de prophètes, de doctrinaires et de prêtres, et leur esprit poussé par les subtils mensonges de la métaphysique, habitué aux crépuscules des fantaisies idéales, se révoltent contre les franches conclusions et contre le plein jour de la vérité simple. Ils l’ont tellement en horreur qu’ils préfèrent supporter la contradiction qu’ils créent eux-mêmes par cette fiction absurde de l’âme immortelle, soit à devoir en chercher la solution dans une absurdité nouvelle, dans la fiction de Dieu. Au point de vue de la théorie. Dieu n’est réellement autre chose que le dernier refuge et l’expression suprême de toutes les absurdités et contradictions de l’Idéalisme. Dans la théologie, qui représente la métaphysique enfantine et naïve, il apparaît comme la base et la cause première de l’absurde, mais dans la métaphysique proprement dite, c’est-à-dire dans la théologie subtilisée et rationalisée, il en