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ou animal, puisqu’il est commun à toutes les espèces d’animaux, et que de l’autre, il est essentiellement local, puisqu’il ne peut jamais embrasser que l’espace ou le monde très restreint dans lequel l’homme privé de civilisation passe sa vie, — je vais passer maintenant à l’analyse du patriotisme exclusivement humain, du patriotisme économique, politique, et religieux.

C’est un fait constaté par les naturalistes et désormais passé à l’état d’axiome, que le nombre de chaque population animale correspond toujours à la quantité des moyens de subsistance qui se trouvent dans le pays qu’elle habite. La population augmente toutes les fois que ces moyens se trouvent en plus grande quantité ; elle diminue avec la diminution de cette quantité. Lorsqu’une population animale a dévoré toutes les subsistances d’un pays, elle émigré. Mais cette émigration rompant toutes ses anciennes habitudes, toutes ses manières quotidiennes et routinières de vivre, et lui faisant chercher, sans aucune connaissance, sans aucune pensée, instinctivement et tout à fait à l’aventure, les moyens de subsister dans des pays absolument inconnus, est toujours accompagnée de privations et de souffrances immenses. La plus grande partie de la population animale émigrante périt de faim, servant souvent de nourriture aux survivants ; et la plus petite partie seulement parvient à