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les hommes se livrent n’ont point d’autre but, et les meilleures choses ne s’enracinent dans l’homme, au point de devenir sa seconde nature, que par cette puissance d’habitude. Il ne s’agit donc pas de se révolter follement contre elle, puisque c’est une puissance fatale, qu’aucune intelligence ni volonté humaine ne sauraient renverser. Mais si, éclairés par la raison du siècle et par l’idée que nous nous formons à la vraie justice, nous voulons sérieusement devenir des hommes, nous n’avons qu’une chose à faire : c’est d’employer constamment la force de volonté, c’est-à-dire l’habitude de vouloir, que des circonstances indépendantes de notre vouloir ont développées en nous, à l’extirpation de nos mauvaises habitudes et à leur remplacement par des bonnes. Pour humaniser une société tout entière, il faut détruire sans pitié toutes les causes, toutes les conditions économiques, politique et sociales qui produisent dans les individus la tradition du mal, et à les remplacer par des conditions qui auraient pour conséquence nécessaire d’engendrer dans ces mêmes individus la pratique et l’habitude du bien.

Au point de vue de la conscience moderne, de l’humanité et de la justice, telles que, grâce aux développements passés de l’histoire, nous sommes enfin parvenus à comprendre, le patriotisme est une mauvaise, étroite et funeste habitude, puisqu’elle est la