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tation parfaite de ce patriotisme naturel duquel j’ai dit et j’ose encore répéter, qu’il n’est rien qu’une passion toute bestiale ? Bestial, il l’est sans doute, puisque les chiens incontestablement sont des bêtes, et que l’homme, animal comme le chien et comme tous les autres animaux sur la terre, mais animal doué de la faculté physiologique de penser et de parler, commence son histoire par la bestialité pure pour arriver à travers tous les siècles à la conquête et à la constitution plus parfaite de son humanité.

Une fois cette origine de l’homme connue, il n’est plus besoin de s’étonner de sa bestialité, qui est un fait naturel parmi d’autres faits naturels, ni même de s’indigner contre elle, d’où il ne résulte pas du tout qu’il ne faille la combattre avec la plus grande énergie, puisque toute la vie humaine de l’homme n’est rien qu’un combat incessant contre sa bestialité naturelle au profit de son humanité.

J’ai tenu seulement à constater que le patriotisme que les poètes, les mystiques, les politiciens de toutes les écoles, les gouvernements et toutes les classes privilégiées nous vantent comme une vertu idéale et sublime, prend ses racines non dans l’humanité de l’homme, mais dans sa bestialité.

Et en effet, c’est à l’origine de l’histoire et, actuellement, c’est dans les parties les moins civilisées de l’humaine société, que nous voyons le patriotisme na-