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mépriser la matière. Il est un animal, et ne peut détruire son animalité ; mais il peut et doit la transformer et l’humaniser par la liberté, c’est-à-dire par l’action combinée de la justice et de la raison, qui à leur tour n’ont de prise sur elle que parce qu’elles en sont les produits et la plus haute expression. Toutes les fois au contraire que l’homme a voulu faire abstraction de son animalité, il en est devenu le jouet et l’esclave, et le plus souvent même le serviteur hypocrite, — témoin les prêtres de la religion la plus idéale et la plus absurde du monde, le catholicisme.

Comparez leur obscénité bien connue avec leur serment de chasteté ; comparez leur convoitise insatiable avec leur doctrine du renoncement aux biens de ce monde, — et avouez qu’il n’existe pas d’êtres aussi matérialistes que ces prêcheurs de l’idéalisme chrétien. À cette heure même, quelle est la question qui agite le plus toute l’Église ? C’est la conservation de ses biens, que menace de confisquer partout aujourd’hui cette autre Église, expression de l’idéalisme politique, l’État.

L’idéalisme politique n’est ni moins absurde, ni moins pernicieux, ni moins hypocrite que l’idéalisme de la religion, dont il n’est d’ailleurs qu’une forme différente, l’expression ou l’application mondaine et terrestre. L’État, c’est le frère cadet de l’Église ; et le