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développement du caractère, de l’esprit et du cœur, les résultats les plus différents ? Et d’abord, les natures ne naissent-elles pas différentes ? Cette différence naturelle et innée, si petite qu’elle soit, est pourtant positive et réelle : différence de tempéraments, d’énergie vitale, de prédominance de tel sens ou de tel groupe de fonctions organiques sur un autre, de vivacité et de capacités naturelles. Nous avons tâché de prouver que les vices aussi bien que les qualités morales, faits de conscience individuelle et sociale, ne peuvent être physiquement hérités et qu’aucune détermination physiologique ne peut condamner l’homme au mal ; le rendre irrévocablement incapable de bien ; mais nous n’avons nullement songé à nier qu’il n’y ait des natures très différentes, dont les unes, plus heureusement douées, ne soient plus capables d’un large développement humain que les autres. Nous pensons, il est vrai qu’on exagère trop aujourd’hui les différences naturelles qui séparent les individus et qu’il faut attribuer la plus grande partie de celles qui existent entre eux, non tant à la nature qu’à l’éducation différente qui a été répartie à chacun. Pour décider cette question, il faudrait, en tout cas, que les deux sciences qui sont appelées à la résoudre : la psychologie physiologique ou la science du cerveau et la pédagogie, qui est celle de l’éducation ou du développement social du cerveau, sortissent de l’état