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la faute de tous les crimes commis par les hommes retomberait sur la société, qui n’aurait pas su leur donner une éducation convenable, et non sur eux, qui ne pourraient être considérés au contraire que comme des victimes de cette imprévoyance sociale. Dans le second cas, les prédispositions innées étant reconnues comme fatales et incorrigibles, il ne resterait plus à la société que de se défaire de tous les individus affligés de quelque vice naturel ou inné. Seulement, pour ne point tomber elle-même dans le vice horrible de l’hypocrisie, elle devrait reconnaître qu’elle le fait uniquement dans l’intérêt de sa conservation et non dans celui de la justice.

Il est une autre considération qui peut contribuer à éclaircir cette question : dans le monde intellectuel et moral aussi bien que dans le monde physique, le positif seul existe ; le négatif n’existe pas, ne constitue pas un être à part, n’étant rien qu’une diminution plus ou moins considérable du positif. Ainsi le froid n’est qu’une propriété différente de la chaleur, ce n’est rien qu’une absence relative, une diminution très grande de la chaleur ! Il en est de même de l’obscurité qui n’est que la lumière diminuée à l’excès… — L’obscurité et le froid absolus n’existent pas. Dans le monde intellectuel la bêtise n’est qu’une faiblesse d’esprit, et dans le moral la malveillance, la cupidité, la lâcheté ne sont rien que la bienveillance, la