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physiologique et social de sa race, de son peuple, de sa caste, — si dans son pays il existe des castes, — de sa famille, de ses ancêtres et de la nature individuelle de son père et de sa mère, qui lui ont transmis directement, par voie d’héritage physiologique, — comme point de départ naturel pour lui, et comme détermination de sa nature individuelle, — toutes les conséquences fatales de leur propre existence antérieure, tant matérielle que morale, tant individuelle que sociale, — y compris leurs pensées, leurs sentiments et leurs actes, y compris aussi toutes les différentes vicissitudes de leur vie et les événements grands ou petits auxquels ils ont pris part, y compris également l’immense diversité des accidents auxquels ils ont pu être sujets[1] — avec tout ce qu’ils

  1. Les accidents auxquels l’embryon est sujet durant son développement dans le ventre de sa mère expliquent parfaitement la différence qui existe le plus souvent entre les enfants des mêmes parents et nous font comprendre comment des parents, gens d’esprit, peuvent avoir pour enfant un idiot. Mais ce n’est jamais qu’une malheureuse exception due à l’action de quelque cause momentanée et fortuite. La nature, grâce à la non-existence du bon Dieu, n’étant jamais capricieuse et ne faisant rien sans cause suffisante, ne change jamais de tendance et de direction tant qu’elle n’y est point contrainte par une force majeure, de sorte que la règle dans la reproduction de l’espèce humaine, par une succession de couples constituant une famille, doit être celle-ci : que si chaque couple ajoutait à l’héritage physiologique de ses parents un développement corporel, intellectuel et moral nouveau, — comme tout perfectionnement idéal est nécessairement un perfectionnement matériel dû au cerveau, — chaque progéniture nouvelle devrait être, sous tous les rapports, supérieure à ses parents.