Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que forts de leur dévouement vertueux et de leur intelligence exclusive, gardiens privilégiés de l’humain troupeau, tout en le poussant pour son bien et le conduisant au salut, ils puissent aussi le tondre un peu.

Toute théorie conséquente et sincère de l’État est essentiellement fondée sur le principe de l’autorité c’est-à-dire sur cette idée éminemment théologique, métaphysique, politique, que les masses, toujours incapables de se gouverner, devront subir en tout temps le joug bienfaisant d’une sagesse et d’une justice qui, d’une manière ou d’une autre, leur seront imposées d’en haut. Mais imposées au nom de quoi et par qui ? L’autorité reconnue et respectée comme telle par les masses, ne peut avoir que trois sources : la force, la religion ou l’action d’une intelligence supérieure. Nous parlerons plus tard des États fondés sur la double autorité de la religion et de la force, car tant que nous discutons la théorie de l’État fondé sur le libre contrat, nous devons faire abstraction de l’une et de l’autre. Il ne nous reste donc pour le moment que l’autorité de l’intelligence supérieure, représentée toujours, comme on sait, par les minorités.

Que voyons-nous en effet dans tous les États passés et présents, lors même qu’ils sont doués des institutions les plus démocratiques, tels que les États-Unis de l’Amérique du Nord et la Suisse ? Le self-govern-