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même un devoir : celui de subordonner leurs intérêts privés au salut commun, à l’intérêt inséparable de tous, et leurs droits séparés du droit public, dont le représentant unique, l’État, fut par là même investi du pouvoir de réprimer toutes les révoltes de l’égoïsme individuel, mais avec le devoir de protéger chacun de ses membres dans l’exercice de ses droits, tant que ces derniers n’étaient pas contraires au droit commun.

Nous allons examiner maintenant ce que doit être l’État ainsi constitué, tant vis-à-vis des autres États, ses pareils, que vis-à-vis des populations qu’il gouverne. Cet examen nous paraît d’autant plus intéressant et utile, que l’État tel qu’il est défini ici, est précisément l’État moderne, en tant qu’il s’est séparé de l’idée religieuse : l’État laïque ou athée, proclamé par les publicistes modernes. Voyons donc, en quoi consiste sa morale ? — C’est l’État moderne, avons-nous dit, au moment où il s’est délivré du joug de l’église, et où, par conséquent, il a secoué le joug de la morale universelle ou cosmopolite de la religion chrétienne ; et nous ajouterons encore, au moment où il ne s’est pas encore pénétré de la morale ni de l’idée humanitaire, ce qu’il ne saurait faire d’ailleurs sans se détruire ; parce que dans son existence séparée et dans sa concentration isolée, il serait trop étroit pour pouvoir embrasser, contenir les intérêts et par con-