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non moins réellement existants. Maintenant il pose pour la première fois une divinité universelle : l’Être des Êtres, substance et créateur de tous ces Êtres restreints et particuliers, — l’âme universelle de tout l’univers, le Grand-Tout. Voici donc le vrai Dieu qui commence et avec lui la vraie religion.

Nous devons examiner maintenant le procédé par lequel l’homme est arrivé à ce résultat, afin de reconnaître, dans son origine historique même, la véritable nature de la divinité.

Toute la question se réduit à celle-ci : comment naissent en l’homme la représentation de l’univers et l’idée de son unité ? D’abord, commençons par le dire, la représentation de l’univers pour l’animal ne peut exister, car ce n’est pas un objet qui se donne immédiatement par le sens, comme tous les objets réels, grands ou petits, qui de près ou de loin l’entourent — c’est un être abstrait et qui par conséquent ne peut exister que pour la faculté abstractive — c’est-à-dire pour l’homme seul. Examinons donc la manière dont elle se forme dans l’homme. L’homme se voit entouré d’objets extérieurs : lui-même, en tant que corps vivant, en est un pour sa propre pensée. Tous ces objets qu’il apprend successivement et lentement à connaître, se trouvent entre eux dans des rapports mutuels, réguliers, qu’il reconnaît aussi plus ou moins ; et néanmoins malgré ces rapports, qui les