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de s’élever en lui-même, par la pensée, au-dessus de lui-même et de se poser comme objet de sa réflexion, il commence à séparer son être matériel et vivant de son être pensant, son extérieur de son intérieur, son corps de son âme. — Mais une fois cette distinction pour lui acquise et fixée, il la transporte naturellement, nécessairement dans son Dieu, il commence à chercher l’âme invisible de cet apparent univers. — C’est ainsi qu’a dû naître le panthéisme religieux des Indiens.

Nous devons nous arrêter sur ce point, car c’est ici que commence proprement la religion dans la pleine acception de ce mot, et avec elle la théologie et la métaphysique mêmes. Jusque-là l’imagination religieuse de l’homme, obsédée par la représentation fixe de la toute-puissance, a procédé naturellement, cherchant la cause et la source de cette toute-puissance, par la voie de l’investigation expérimentale, d’abord dans les objets les plus rapprochés, dans les fétiches, puis dans les sorciers, plus tard encore dans les grands phénomènes de la nature, enfin dans les astres, mais l’attachant toujours à quelque objet réel et visible, si éloigné qu’il fût. Maintenant il suppose l’existence d’un Dieu spirituel, extra-mondain, invisible. D’autre part, jusqu’ici, ses dieux ont été des êtres restreints et particuliers, parmi beaucoup d’autres êtres non divins, non doués de la toute-puissance, mais