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accidentelles, aussi bien que contre les phénomènes périodiques et réguliers du monde physique, et ce n’est précisément que la connaissance et l’observation la plus respectueuse des lois de la nature, qui le rendent capable de la maîtriser à son tour, de la faire servir à ses desseins et de pouvoir transformer la surface du globe en un milieu de plus en plus favorable aux développements de l’humanité.

Cette faculté d’abstraction, source de toutes nos connaissances et de toutes nos idées, est donc aussi, comme on voit, l’unique cause de toutes les émancipations humaines. Mais le premier réveil de cette faculté, qui n’est autre que la raison, ne produit pas immédiatement la liberté. Lorsqu’elle commence à agir dans l’homme, en se dégageant lentement des langes de son instinctivité animale, elle se manifeste d’abord, non sous la forme d’une réflexion raisonnée, ayant conscience et connaissance de son activité propre, mais sous celle d’une réflexion imaginative ou de la déraison, et comme telle, elle ne délivre graduellement l’homme de l’esclavage naturel qui l’obsède à son berceau, que pour le rejeter aussitôt sous le poids d’un esclavage, mille fois plus dur et plus terrible encore — sous celui de la religion.

C’est la réflexion imaginative de l’homme qui transforme le culte naturel dont nous avons retrouvé les éléments et les traces chez tous les animaux en culte