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leur, l’influence des climats, des saisons et en général les mille conditions de la vie animale qui maintiennent l’être humain dans une dépendance quasi-absolue vis-à-vis du milieu qui l’entoure ; les dangers permanents qui dans la forme de phénomènes naturels le menacent et l’oppressent de toutes parts : cette crainte perpétuelle qui constitue le fond de toute existence animale et qui domine l’individu naturel et sauvage au point qu’il ne trouve rien en lui-même qui puisse lui résister et la combattre… en un mot il n’y manque aucun des éléments de l’esclavage le plus absolu. Le premier pas que l’homme fait pour s’émanciper de cet esclavage, consiste, avons-nous dit, dans cet acte abstractif de l’intelligence qui, en s’élevant au dedans de lui-même, au-dessus des choses qui l’entourent, lui permet d’en étudier les rapports et les lois. Mais le second pas est un acte nécessairement matériel, déterminé par la volonté et dirigé par la connaissance plus ou moins approfondie du monde extérieur : c’est l’application de la force musculaire de l’homme à la transformation de ce monde selon ses besoins progressifs. Cette lutte de l’homme, intelligent travailleur, contre la mère-nature, n’est point une révolte contre elle, ni contre aucune de ses lois. Il ne se sert de la connaissance qu’il en a acquise que pour se fortifier et se prémunir seulement contre les envahissements brutaux et contre les catastrophes