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C’est uniquement par la pensée que l’homme arrive à la conscience de sa liberté dans ce milieu naturel dont il est le produit ; mais c’est par le travail seulement qu’il la réalise. Nous avons observé que l’activité, qui constitue le travail, c’est-à-dire l’œuvre si lente de la transformation de la surface de notre globe par la force physique de chaque être vivant, conformément aux besoins de chacun, se retrouve plus ou moins développée à tous les degrés de la vie organique. Mais elle ne commence à constituer le travail proprement humain, que lorsque, dirigée par l’intelligence de l’homme et par sa volonté réfléchie, elle sert à la satisfaction non plus seulement des besoins fixes et fatalement circonscrits de la vie exclusivement animale, mais encore de ceux de l’être pensant, qui conquiert son humanité en affirmant et en réalisant sa liberté dans le monde.

L’accomplissement de cette tâche immense, infinie, n’est pas seulement une œuvre de développement intellectuel et moral, c’est en même temps une œuvre d’émancipation matérielle. L’homme ne devient réellement homme, il ne conquiert la possibilité de son développement et de son perfectionnement intérieur qu’à la condition d’avoir rompu dans une certaine mesure pour le moins, les chaînes d’esclave que la nature fait peser sur tous ses enfants. Ces chaînes sont la faim, les privations de toute espèce, la dou-