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contient toute la civilisation avec toutes les merveilles de l’industrie, de la science et des arts ; avec tous les développements religieux, esthétiques, philosophiques, politiques, économiques et sociaux de l’humanité — en un mot tout le monde de l’histoire. L’homme crée ce monde historique par la puissance d’une activité que vous retrouvez dans tous les êtres vivants, qui constitue le fond même de toute vie organique, et qui tend à s’assimiler et à transformer le monde extérieur selon les besoins de chacun — activité par conséquent instinctive et fatale, antérieure à toute pensée, mais qui illuminée par la raison de l’homme et déterminée par sa volonté réfléchie, se transforme en lui et pour lui en travail intelligent et libre.

    médiate et directe de la terre, et parce qu’il a renoncé aux absurdes et vaines ostentations d’un spiritualisme, qui sous le prétexte de le gratifier d’une liberté absolue, le condamnait à un éternel esclavage, s’imaginent que cela leur donne le droit de renoncer à tout respect humain. On pourrait comparer ces gens-là à des laquais, qui en découvrant l’origine plébéienne d’un homme, qui leur avait imposé par sa dignité naturelle, croient pouvoir le traiter comme un égal, par cette simple raison qu’ils ne comprennent pas d’autre dignité que celle que crée à leurs yeux une naissance aristocratique. D’autres sont si heureux d’avoir retrouvé la parenté de l’homme avec le gorille, qu’ils voudraient le conserver toujours à l’état d’animal et se refusent à comprendre que toute sa mission historique, toute sa dignité et toute sa liberté consistent à s’en éloigner.