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Au fond, les points cardinaux de l’existence humaine la plus raffinée et de l’existence animale la moins éveillée, sont et resteront toujours identiques : naître, se développer et grandir, travailler pour manger et boire, pour s’abriter et se défendre, maintenir son existence individuelle dans l’équilibre social de sa propre espèce, aimer, se reproduire, puis mourir… À ces points, il s’en ajoute seulement pour l’homme un nouveau : c’est penser et connaître, — faculté et besoin qui se retrouvent sans doute à un degré inférieur, mais déjà fort sensible, dans les espèces d’animaux, qui par leur organisation sont les plus proches de l’homme, car il semble que dans la nature il n’est point de différences qualitatives absolues, et que toutes les différences de qualité se réduisent en dernière analyse à des différences de quantité — mais qui dans l’homme seul arrivent à une puissance tellement impérative et prédominante, qu’ils transforment à la longue toute sa vie. Comme l’a fort bien observé l’un des plus grands penseurs de nos jours, Ludwig Feuerbach, l’homme fait tout ce que les animaux font, seulement il doit le faire de plus en plus humainement. C’est toute la différence, mais elle est énorme[1]. Elle

  1. On ne saurait assez répéter ceci à beaucoup de partisans du naturalisme ou du matérialisme moderne, qui — parce que l’homme a retrouvé de nos jours sa parenté pleine et entière avec toutes les autres espèces d’animaux et sa descendance im-