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fois prises par le flot de la perpétuelle création, — tendances qui, à force d’avoir été trop souvent répétées, sont devenues constantes, il est évident, disons-nous, que dans certains ordres déterminés de faits, les mêmes lois se reproduisent toujours, et ce n’est qu’à cause de cette constance de procédés dans la nature, que l’esprit humain a pu constater et reconnaître ce que nous appelons les lois mécaniques, physiques, chimiques et physiologiques ; ce n’est que par elle que s’explique aussi la quasi-constante répétition des genres, des espèces et des variétés tant végétales qu’animales dans lesquelles s’est développée jusqu’ici la vie organique sur la terre. Cette constance et cette répétition ne sont point absolues. Elles laissent toujours un large champ à ce que nous appelons improprement les anomalies et les exceptions, — manière de parler fort injuste, car les faits auxquels elle se rapporte prouvent seulement que ces règles générales reconnues par nous comme des lois naturelles, n’étant rien que des abstractions dégagées par notre esprit du développement réel des choses, ne sont pas en état d’embrasser, d’épuiser, d’expliquer toute l’indéfinie richesse de ce développement. D’ailleurs, comme l’a si bien démontré Darwin, ces prétendues anomalies en se combinant plus souvent entre elles et se fixant par là même davantage, créant, pour ainsi dire, de nouveaux procédés habituels, de nouvelles