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de penseurs conséquents mais isolés lui est contraire, tant pis, disent-elles, pour cette logique, car le consentement unanime, l’adoption universelle d’une idée ont été considérés de tout temps comme la preuve la plus victorieuse de sa vérité, et cela avec beaucoup de raison parce que le sentiment de tout le monde et de tous les temps ne saurait se tromper ; il doit avoir sa racine dans une nécessité essentiellement inhérente à la nature même de toute l’humanité. Mais s’il est vrai que, conformément à cette nécessité, l’homme ait absolument besoin de croire à l’existence d’un Dieu, celui qui n’y croit pas, quelle que soit la logique qui l’entraîne à ce scepticisme, est une exception anormale, un monstre.

Voilà l’argumentation favorite de beaucoup de théologiens et métaphysiciens de nos jours, voire l’illustre Mazzini lui-même, qui ne peut se passer d’un bon Dieu pour fonder sa république ascétique et pour la faire accepter par les masses populaires, dont il sacrifie systématiquement la liberté et le bien-être à la grandeur d’un État idéal.

Ainsi donc l’antiquité et l’universalité de la croyance en Dieu seraient, contre toute science et contre toute logique, les preuves irrécusables de l’existence de Dieu. Et pourquoi ? Jusqu’au siècle de Copernic et de Galilée, tout le monde, moins les Pythagoriciens peut être, avait cru que le soleil tourne autour de la terre ;