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LES ALLEMANDS DÉBITEURS DES FRANÇAIS

chaînes. Il suffit de se souvenir des sentiments qu’avaient inspirés en France les traités de 1815 et qui ont gouverné notre politique intérieure et extérieure depuis la chute de Napoléon Ier jusqu’à l’avènement de Napoléon III.

L’Allemagne actuelle pourrait ne pas protester contre le traité de Versailles, en exécuter les clauses avec bonne volonté et d’un cœur contrit que notre avis resterait le même. Cette bonne volonté, cette contrition n’existent pas. Peu importe. Peu importent également les protestations que le gouvernement de Berlin et l’opinion publique ont multipliées contre la paix. Peu importe en­core que ces protestations aient été sincères ou qu’elles aient été de circonstance. Un peuple vaincu a plus de vingt-quatre heures pour maudire ses juges. Ce que nous examinons, et la seule chose, en vérité, que la politique doive retenir, c’est une situation prise en elle-même. C’est un problème de forces et de mécanique.

Les forces ne sont pas ajustées de telle ma­nière que les conditions nécessaires à une paci­fication profonde soient remplies. Celles d’une conciliation entre la France et l’Allemagne ne le sont pas non plus. Les Français ne peuvent pas renoncer à leur créance. Les Allemands jugent le tribut exorbitant et n’en reconnaissent pas le bien-fondé. Où peut être le terrain d’en­tente ? Il est en outre extrêmement peu croyable que l’Allemagne accepte comme définitives les frontières qui lui ont été fixées à l’Est et au Sud. Comment, du côté français, se reposer sur