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LES ALLEMANDS DÉBITEURS DES FRANÇAIS

dix-neuvième siècle et il a eu sa plus grande période d’activité au vingtième. Ce cas suffit à montrer combien le passé a tenu de place dans ce conflit qui apparaît comme une révolution et un renouvellement de la face des choses. En ce qui concerne la France et l’Allemagne, la guerre ayant fini par notre victoire, la paix étant con­clue, que reste-t-il de ce passé ? Quels sont les éléments nouveaux ? Ici, pour ne pas nous égarer, il est nécessaire de remonter un peu plus haut dans le temps.

Vue d’ensemble, à très larges traits, l’his­toire des rapports de la nation française et de la nation germanique peut se résumer ainsi : il y a eu antagonisme, conflit violent, chaque fois que l’Allemagne a été une grande construction politique, que ce fût l’Allemagne d’Othon (Bou­vines), de Charles-Quint (deux cents ans de lutte contre la maison d’Autriche) ou des Hohen­zollern, avec toutes les différences que le régime des Othon, des Charles ou des Guillaume com­portait. Au contraire, chaque fois que l’Alle­magne a été formée de plusieurs États indé­pendants, n’ayant entre eux que les liens peu tendus d’une fédération plus ou moins cohé­rente, non seulement les guerres ont été rares, localisées et dépourvues de ce caractère national qui les rend impitoyables, mais encore les divers peuples allemands se sont montrés ac-