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CE QUI A SAUVÉ L’UNITÉ ALLEMANDE

cherchent à obtenir de lui des avantages, de la sécurité pour eux-mêmes et pour leurs peuples. Charles Ier communique avec Paris, comme il l’a déjà cherché pendant les hostilités, par la cour de Madrid. Louis III s’adresse à Bruxelles et se souvient qu’Albert Ier a épousé une prin­cesse bavaroise. Le Wurtembergeois, moins bien placé parce que ses parentés russes ne peuvent plus lui servir à grand’chose, trouve dans sa généalogie d’autres intermédiaires. De même pour le Saxon, pour le Badois et les moindres seigneurs. C’est à qui se fera bien venir et donnera des gages le premier.

Après le raz de marée de novembre 1918, ces commodités n’existaient plus et la révolution allemande, en raison même de son caractère d’opportunité, marchait dans un sens unifica­teur. La défaite laissait le particularisme sans voix et sans moyens d’action, subsistant quand même à l’état de désir vague et d’instinct parce qu’il répond à la nature des choses, mais dépourvu de l’instrument politique qui lui eût permis de se manifester. La social-démocratie, principale bénéficiaire de ces journées de révo­lution trop facile, travaillait d’ailleurs tout de suite dans le sens d’une centralisation renfor­cée. Le Vorwœrts l’avait dit le 3 novembre : « Plus l’empire est démocratique, plus son unité devient sûre et plus grande sa force d’at­traction. La grande Allemagne, qui déjà sem­blait se faire en 1848 et dont les contours se dessinent de nouveau devant nous, avait été con-