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HISTOIRE DE DEUX PEUPLES

pas été infaillible, nul n’en sera surpris. Ce qui frappe, c’est que jamais elle n’ait persévéré dans l’erreur et surtout qu’elle n’ait ni varié sur les principes, ni perdu de vue le but à atteindre. Les coups de barre maladroits ont été réparés à temps, la marche redressée au premier signe qu’on faisait fausse route. Nous trouverons deux moments, dans l’histoire diplomatique de l’ancien régime, où de lourdes erreurs ont failli tout gâter. C’est sous Louis XIII, à la bataille de la Montagne Blanche, et sous Louis XV, à la première guerre de Sept Ans. En définitive, rien n’a été compromis parce que le principe directeur, si on avait pu l’interpréter mal, n’avait jamais été méconnu.

C’était un bien petit seigneur que le roi de France des premières générations capétiennes en face du puissant Empereur romain de nation germanique, héritier de Charlemagne, successeur des Césars, « moitié de Dieu », et qui prétendait à la suzeraineté dans tout le monde chrétien. Il y eut un siècle où cette prétention faillit devenir une réalité, où l’on crut que le Saint-Empire dominerait la chrétienté tout entière. Jusqu’alors, la couronne impériale était restée élective. Barberousse et ses successeurs, qui représentaient l’idée allemande aux XIIe et XIIIe siècles comme les Hohenzollern l’ont représentée de nos jours, avaient entrepris de fonder l’unité de tous les pays allemands pour étendre ensuite leur domination à l’Europe. Le premier point de ce programme consistait à consolider le pouvoir impérial. Privés du bénéfice de l’hérédité, usufruitiers d’une couronne élective qui, à chaque changement de règne, remettait toutes choses en question, les Hohenstaufen ne croyaient pas à l’accomplissement de leurs vastes projets. La transmission directe et par héritage de la couronne leur était apparue comme la condition même de la puissance politique.

Cependant la monarchie capétienne, dont les modestes