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C’était là, il le savait, la partie faible et vulnérable de l’unité allemande. Mais l’Europe écouterait-elle Thiers, Gambetta où Jules Favre se plaignant des révolutions ? Était-ce pour la démocratie française que les puissances répareraient les fautes de Napoléon III ? Nous payâmes, dans ces grandes circonstances, pour nos institutions républicaines. Mais l’Europe paya avec nous. Elle le comprit trop tard, lorsque l’hégémonie allemande et le système de la paix armée commencèrent à peser sur elle. Ainsi la République ne compromet pas seulement notre avenir national. Regardée de ce point de vue, elle apparaît comme un malheur européen.

Une neutralité universelle avait favorisé les victoires prussiennes et les succès de Bismarck. Mais, après la guerre, il craignait de voir se former contre son œuvre une autre Sainte-Alliance. L’unité allemande était pour les puissances une menace qui pouvait les unir contre le nouvel édifice à peine constitué. La chute du pouvoir temporel, en relation directe avec les victoires prussiennes, n’était pas seulement une autre atteinte au statut de l’Europe. C’était une offense et une diminution, pour, le catholicisme tout entier. Bismarck, appui de la maison de Savoie, était rendu solidairement responsable de la spoliation du Saint-Siège. Il eut dès lors toute la catholicité pour ennemie. Qu’un, pouvoir traditionnel fût établi en France, et la France, redevenue fille aînée de l’Eglise, se trouvait en état de former contre lui une formidable coalition. La monarchie de Henri V n’eût pas seulement « rendu la France