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C’étaient les mêmes instructions qu’avait reçues mais que n’avait pas suivies le comte d’Arnim auquel Bismarck écrivait : « Nous n’avons certainement pas pour devoir de rendre la France plus forte en consolidant sa situation intérieure et en y établissant une monarchie en règle. » Et ce n’était pas une vue particulière à Bismarck, c’était aussi l’idée de l’empereur Guillaume. Seulement le vieux souverain, toujours moins hardi et plus conservateur que son ministre, ayant en outre gardé sur Gambetta et le gouvernement de la Défense nationale des illusions que n’avait plus Bismarck, se méfiait un peu de la République. Déjà la conversation qu’il eut avec Hohenlohe à l’audience qui précéda le départ du prince pour Paris, indiquait chez Guillaume Ier des tendances qui devaient se développer sous une influence que nous verrons. Les préférences de Guillaume Ier allaient évidemment au régime napoléonien. Il savait gré à Napoléon III d’avoir fait les affaires de la couronne prussienne et en même temps d’avoir déguisé le caractère démocratique et révolutionnaire de son pouvoir, caractère odieux à la pensée d’un souverain traditionnel. Aussi était-ce une approbation nuancée d’une réserve que l’empereur d’Allemagne donnait, devant Hohenlohe, au programme français de Bismarck :

7 mai 1874. — Aujourd’hui, audience de congé chez l’Empereur. Il m’a reçu dans son cabinet, m’a fait asseoir en face de lui et a été très cordial. Il m’a dit que Bismarck, que j’ai vu aujourd’hui, lui avait fait part des instructions qu’il m’avait données. L’empereur souhaite de maintenir