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L’accord de Versailles est trouvé mauvais par le parti progressiste et les ultramontains travaillent aussi contre lui… S’il échoue, les ultramontains sont assez-forts pour obtenir l’isolement et le rendre acceptable au pays. La clique autrichienne-française-ultramontaine fera tout son possible pour nous mettre dans les mains de l’Autriche.

Et c’est en songeant à ces incertitudes des journées de Versailles que Bismarck, respirant enfin, disait quelque temps après à Hohenlohe lui-même : « Je n’ai eu qu’une fois de grandes craintes, et c’est là-bas. Si la Bavière n’avait-pas accepté, nous en aurions eu pour des siècles d’être en hostilité avec le Sud. » D’ailleurs le sceptique, l’ironiste détaché des choses qui logeait dans le cœur de Hohenlohe, ne peut s’empêcher de sourire au spectacle des intérêts et des ambitions déchaînés en Allemagne par la victoire. Le « Wurtemberg », note-t-il le 14 décembre,

a voulu, à Versailles, obtenir la principauté de Hohenzollern ; Darmstadt demandait la Hesse septentrionale et une partie du Palatinat, mais tous deux ont été résolument écartés par Bismarck. Les Prussiens parlent alors de marchandages d’âmes et de trafic de royaumes. Mais quand on leur objecte l'Alsace-Lorraine, ils répondent : C’est une autre affaire. On la forcera.

La victoire de 1870 promettait une curée dont se réjouissaient les principicules. Mais le roi de Prusse, Bismarck et Hohenlohe après eux, furent seuls à profiter de nos dépouilles.

Député au Reichstag dans l’Allemagne enfin constituée, le prince de Hohenlohe saisit avec