Page:Bainville - Bismarck.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des princes de sa famille, qui lui représentaient Hohenlohe comme un traître, à signer sa nomination le 31 décembre 1866. Il ne marqua d’ailleurs pas plus d’attachement à ce ministre-là qu’aux autres, n’eut guère de rapports avec lui que par l’intermédiaire de son chef de cabinet, et ne lui montra, comme à la presque totalité de ses contemporains, qu’une dédaigneuse indifférence. Hohenlohe la supporta aussi aisément que la haine des princes de la famille royale. Il note avec le ton ironique qui lui est ordinaire que le jour du mariage de là duchesse Sophie et de Monseigneur le duc d’Alençon, le prince Charles ne l’a salué que de loin, « avec la figure que l’on fait lorsqu’on rencontre un scorpion ».

Parvenu au ministère, Hohenlohe mit toute son activité au service de l’unité et de la Prusse. Son programme était celui du patriotisme allemand, avec d’adroites réserves en faveur de l’autonomie de la Bavière et des prérogatives de la dynastie de Wittelsbach. Dès ses premières déclarations, Bismarck, enchanté, le faisait féliciter par l’ambassadeur de Prusse à Munich, le prince de Reuss. Ce ne fut pas une des moindres chances du plus constamment heureux des politiques que de trouver un complice dans cet Allemand du Sud, ambitieux et sans scrupules, si habile à paraître défendre l’intérêt d’un pays (dont il était à peine) et d’un souverain (dont il contestait à part lui l’autorité), alors qu’il travaillait uniquement à préparer une médiatisation dont l’éclat effacerait et vengerait l’humiliation de celle des Hohenlohe.