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ments, trop de noblesse, et trop conscience de lui-même, pour redouter la constitution d’une Allemagne unifiée. » Il faut lire cela repensé et transposé en allemand, avec les propres mots[1] dont s’était servi Napoléon III, le véritable auteur de ce message historique, pour en saisir toute la portée et comprendre à quel point la politique napoléonienne, comme le constatait encore quarante ans plus tard, le prince de Bülow à la tribune du Reichstag, a favorisé les grandes transformations européennes qui, toutes, se sont faites contre la France.

Le cours nouveau pris par les événements à la suite de la catastrophe de 1866, la disparition de l’influence autrichienne dans l’Allemagne du Sud, la consternation des cours et rabattement du particularisme, l’ascendant d’un vainqueur qui offrait son amitié l’épée à la main, ces circonstances seules rendirent possible l’avènement d’un ministère Hohenlohe. Le jeune roi Louis II, médiocrement affecté par la mauvaise issue de la guerre et plus sensible au trouble de sa tranquillité privée qu’au danger prussien, se décida, malgré l’opposition

  1. « La Prusse agrandie, libre désormais de toute solidarité, assure l’indépendance de l’Allemagne. La France n’en doit prendre aucun ombrage. Fière de son admirable unité, de sa nationalité indestructible, elle ne saurait combattre ou regretter l’œuvre d’assimilation qui vient de s’accomplir et subordonner à des sentiments jaloux ces principes de nationalité qu’elle représente et professe à l’égard des peuples. Le sentiment national de l’Allemagne satisfait, ses inquiétudes se dissipent, ses inimitiés s’éteignent. En imitant la France, elle fait un pas qui la rapproche et non qui l’éloigne de nous. » (Circulaire de M. de la Valette, ministre des Affaires étrangères par intérim, aux agents diplomatiques du gouvernement français, en date du 16 septembre 1866.)