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Bavière ne veut pas d’un médiatisé pour ministre. Ce doit être une politique dynastique », ajoute-t-il ironiquement. Le roi de Bavière avait raison de se méfier des médiatisés. Nous avons vu qu’il pouvait à bon droit redouter leur esprit d’indépendance et de ressentiment.

Un curieux document nous apprend : quelles étaient les idées politiques de Hohenlohe, aspirant au gouvernement bavarois, vers le temps de la guerre des Duchés. Ce sont deux rapports sur l’état et l’avenir des pays allemands adressés à la reine d’Angleterre selon le désir de celle-ci. Ces rapports font d’ailleurs honneur au sens critique de Hohenlohe, qui avait admirablement compris la politique bismarckienne et prévoyait ce qui allait sortir de la querelle des Duchés : la guerre avec l’Autriche, cette puissance exclue des affaires allemandes, finalement l’unité au profit des Hohenzollern. Hohenlohe devine ces événements avec une netteté où sa complicité transparaît. Il annonce l’échec de Beust et de l’Autriche ; il ne peut s’empêcher de railler les efforts des inventeurs de la Triade, et ceux des monarques du Sud qui croient pouvoir échapper au grand coup de filet bismarckien. L’absence absolue d’une foi, d’un intérêt quelconque aux destinées de la Bavière se montre clairement dans ce prophétique rapport. On sent que les vœux du prince vont ailleurs qu’à son pays légal, et qu’il n’aspire qu’à se joindre à la force et au succès.

Le même persiflage qui, appliqué aux affaires de l’Empire, a exaspéré Guillaume II, Hohenlohe