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possessionner le mieux possible. Libre d’humeur et d’esprit quant au reste, Hohenlohe demeurait, au fond, comme ses ancêtres, prince immédiat du corps germanique.

Suivant la remarque d’Auguste Himly, l’éminent géographe-historien, c’est toujours à la Révolution française qu’il faut remonter pour comprendre l’Allemagne contemporaine. Si les Hohenlohe n’avaient été médiatisés en 1806, avec tant d’autres princes, par la volonté de Napoléon, imprudent niveleur du chaos germanique [1], quelle eût été leur histoire au XIXe siècle ? Souverains de cent mille sujets, ils se fussent occupés de défendre leur indépendance et leurs privilèges, cherchant secours tantôt en Autriche contre la Prusse, tantôt en Prusse contre l’Autriche, tantôt ligués avec la Bavière, tantôt visant à s’arrondir à ses dépens, au besoin subventionnés par la France vers laquelle des princes catholiques, cultivés et chez qui le goût des choses françaises était naturel, se sentaient attirés[2]. Si les bouleversements de la

  1. En même temps que les Hohenlohe, l’acte constitutif de la confédération du Rhin du 12 juillet 1806 priva de leur indépendance et de leurs droits de souveraineté, avec les trois villes libres d’Augsbourg, de Nuremberg et de Francfort, les illustres familles de Tour et Taxis, de Furstenberg, de Schwarzenberg, d’Auersperg, de Solms, de Ligne, etc. Cet acte de 1806 aggravait encore le recez de 1803 et le traité de Presbourg qui, par toutes sortes d’échanges, de territoires et d’« apurements de frontières », aidaient l’Allemagne à sortir de son chaos, groupaient sa poussière d’États, avançaient d’une étape l’unité future et détruisaient l’oeuvre des traités de Westphalie, sécurité de la France. (Sur le recez de 1803 et l’acte de 1806, voir Himly, Histoire de la formation territoriale des États de l’Europe centrale, I, p. 326 et ss.)
  2. Il y a même eu un Hohenlohe au service de la France et qui devint complètement français. Louis-Aloys de Hohenlohe-Waldenburg-Bartennstein,