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ment ses convictions, mais comprenait qu’il les servait mal en se satisfaisant de les affirmer par des cris pittoresques et violents. Déjà il commençait à fréquenter les groupes politiques les moins proches du sien.

Il trouvait ses coreligionnaires de la droite gens vertueux, mais gourmés et ennuyeux, et préférait causer amicalement avec les députés de gauche, plus vivants et personnels. Ses adversaires le tenaient pour un gaillard qui a le diable au corps, mais plaisant par l’originalité de ses saillies, son franc caractère, ses allures de bon garçon.

Pour être complet sur cette période de préparation de Bismarck, il faut encore mentionner deux faits où s’annonce sa politique de l’avenir.

C’est en 1849 qu’il a formulé sa première grande vue politique. Alors l’idée de l’unité allemande hante plus que jamais les esprits. Toutes sortes de tentatives et de propositions sont faites pour constituer un État germanique. Il semble qu’à Berlin on soit prêt à se laisser séduire par les offres qui viennent de Francfort et du Sud. Mais Bismarck en devine le danger. Il veut l’unité, certes. Il est patriote allemand. Mais, à ce moment, il est d’abord patriote prussien, car il sait que l’unité ne sera solide que si elle est faite par et pour la Prusse. Sous l’affectation de son particularisme prussien, tel est le vrai sens des discours qu’il prononce à cette date contre le projet de fédération. « Notre peuple, s’écriait-il, n’éprouve nullement le besoin de voir son royaume prussien se dissoudre dans cette fermentation