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procédés ni ses intentions. « Je ne me dissimule pas, écrit-il dans son introduction, combien ma conception de l’histoire s’éloigne de l’histoire dite scientifique qui est aujourd’hui en faveur. » M. Denis écrit en effet l’histoire dans un dessein apologétique. Il s’agit pour lui de montrer que la Liberté, la Justice et le Progrès, dieux de la politique et des armées, combattent pour les bons, c’est-à-dire pour les puissances protestantes et libérales, contre les méchants, c’est-à-dire contre les puissances de catholicisme et de réaction. Ce n’est pas l’Autriche, ce n’est pas la France, qui ont été vaincues à Sadowa et à Sedan : c’est l’autocratie des Habsbourg et la tyrannie des Napoléon. Et leur véritable vainqueur, ce fut l’esprit de Luther et de Kant. Cet esprit-là amène immanquablement la victoire dans le camp qui l’a choisi. Sadowa et Sedan furent un châtiment. Mais la France des Droits de l’Homme, la France de la République a bien mérité de l’idéal. M. Denis prophétise à notre pays, en récompense d’un culte irréprochable pour les immortels principes, des réparations certaines. Sa foi est entière. Il sait que les choses se passeront ainsi. Sa religion l’en assure. « Après Rosbach, Valmy », écrit-il. La monarchie fut châtiée à Rosbach, mais la démocratie — hoc signo vinces — fut couronnée dans les Ardennes par une infaillible Providence. Ainsi concevait-on, ou à peu près, l’histoire super flumina Babylonis. Ainsi la conçoit M. Ernest Denis, professeur très contemporain d’histoire moderne à l’Université de Paris.