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du bombardement était tout à fait aigu. Et, en même temps qu’il était occupé à se débattre avec les envoyés bavarois, Bismarck devait circonvenir le roi Guillaume pour obtenir de lui l’ordre de poursuivre énergiquement les travaux du siège. À ces circonstances s’ajoutèrent encore les complications, si inopportunes pour lui, que créait la dénonciation par la Russie du traité de Paris de 1856. C’est à ce moment que, dans les négociations de paix entamées avec Thiers, il laissait entrevoir la possibilité que l’Allemagne renonçât à l’annexion de Metz. Et c’est juste à ce moment que lui apparut la grandeur du danger que présentaient la levée en masse et la résistance des provinces françaises. C’est le 9 novembre en effet qu’avait eu lieu la bataille de Coulmiers, première victoire indiscutée des armes françaises dans toute la campagne, et qui avait obligé von der Thann à reculer.


Mais, de toutes ces complications mêmes, de tous ces embarras de Bismarck, la France ne fut pas en état de profiter. Le chancelier s’aperçut que la fortune commençait à tourner. Il s’empressa de donner le coup de barre nécessaire. Avec des concessions à la Bavière, il savait que tout pouvait s’arranger. Il s’y résigna donc. Mieux valait laisser à la Bavière son armée, sa diplomatie, son timbre et le casque à chenille que de risquer de voir tout le Sud revenir sous l’influence autrichienne. Il ne tarda pas à recueillir le fruit de son sacrifice. La Bavière redevint traitable. Et, son assentiment acquis, les autres États, bon gré mal gré, suivirent.

Busch, le naïf et précieux confident de Bismarck, a décrit en ces termes la satisfaction de son chef lorsque fut enfin conclu l’arrangement avec les délégués du roi Louis :