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Les difficultés de l’unité allemande


Si, au mois de janvier 1870, on avait annoncé à un homme d’État autrichien ou français qu’un an plus tard l’unité allemande serait chose faite, aurait-on seulement été pris au sérieux ? L’Allemagne était une poussière d’États et ces États venaient de se battre. Chacun avait ses habitudes, ses mœurs, ses besoins. Chacun avait des princes jaloux de leur indépendance et qui ne montraient qu’un goût modéré pour la médiatisation. Les populations détestaient généralement la Prusse, qui signifiait pour elles bureaucratie et caserne. En outre, les puissances voisines avaient un égal et même intérêt à perpétuer l’émiettement. Tout conspirait donc à laisser croupir l’Allemagne dans ce qu’un historien a nommé le « marais germanique ». Et cependant, en peu de mois, l’unité s’est faite, sous sa forme définitive, celle qui dure encore à présent et qui paraît solide.

C’est un scandale pour la pensée. On ne peut s’empêcher, chaque fois qu’on revient sur ces événements, de refaire l’histoire. Et l’on reconnaît alors qu’entre