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en mettant comme condition à son alliance l’abandon par la France de ses engagements les plus solennels. Tous les documents, tous les témoignages connus, sont en faveur de cette hypothèse. On sait aujourd’hui que, durant les mois qui précédèrent la guerre de 1870, l’Autriche refusa constamment de donner satisfaction à Napoléon III qui réclamait d’elle des armements immédiats. Assagie par l’expérience de 1866, elle ne voulait engager la lutte qu’après avoir mis toutes les chances de succès de son côté. Or elle connaissait son infériorité par rapport aux institutions militaires de la Prusse. Elle connaissait aussi la nôtre. Le Temps a justement publié sur ce sujet un curieux témoignage du colonel Fix. Le colonel Fix, ancien aide de camp du général Jarras, se souvient qu’au moment où les diplomates nouaient ces négociations, l’archiduc Albert vint en France afin de se rendre compte par ses yeux de la valeur de l’alliance proposée à l’empereur François-Joseph. Le colonel Fix se rappelle fort bien que l’impression du vainqueur de Custozza fut franchement mauvaise. On ne répondait que par des paroles vagues, et des affirmations de bonne volonté qui le satisfaisaient mal, aux interrogations de l’archiduc. Celui-ci trouvait une armée désorganisée et des approvisionnements affaiblis par l’expédition du Mexique. Il cherchait en vain cet organe du commandement et de la préparation à la guerre qui ne se trouve réalisé que par « un état-major général à compétence étendue et à influence prépondérante, agissant sous l’impulsion d’un seul chef ». Le colonel Fix