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qu’il domina rapidement cette crise d’adolescence.

Le jeune Bismarck s’était amusé. Il avait peu suivi les cours. Mais il avait lu beaucoup de livres et regardé beaucoup d’idées. Enfin il avait ses diplômes, et il se disposait, selon le vœu de sa famille, à entrer dans la diplomatie. Un échec l’attendait, et c’est là qu’il montra la fermeté de son caractère. Il fut présenté au ministre des Affaires étrangères, le pointilleux Ancillon.

Ancillon considéra ce robuste gaillard, de médiocre noblesse rurale, sans grosse fortune, trop grand, trop fortement charpenté. Il ne le trouva pas conforme au type alors en cours de l’attaché d’ambassade, souple et sceptique, brillant et délié, de haute naissance et de grande richesse. Il lui insinua que les débuts de la carrière diplomatique étaient difficiles, encombrés, et lui conseilla de subir d’abord l’examen d’assesseur de gouvernement provincial, puis, en collaborant aux travaux du Zollverein, de chercher, par ce détour, à se frayer une voie dans la politique allemande de la Prusse. C’était une défaite. Bismarck le comprit, mais résolut de prendre la voie détournée que lui indiquait le ministre. Il travailla opiniâtrement son droit, se présenta au concours judiciaire, et, le 20 mai 1835, il était nommé, auscultator au tribunal de Berlin.

Ainsi Otto de Bismarck « avait rêvé les intrigues de la diplomatie et il se réveillait commis-greffier ». Mais il ne perdait pas courage. Tout en grossoyant, il observait, il critiquait, il augmentait son bagage de connaissances. Et surtout il ne perdait pas de vue ses ambitions. Il s’amusait dans la société peu raffinée des jeunes nobliaux de Berlin, où l’on se grisait tous les soirs. Mais c’était afin d’ap-