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Au commencement de 1866, la confédération germanique, de mœurs si paisibles, ressemblait à un champ clos où tous les intérêts étaient aux prises et toutes les passions en ébullition. Les séances de la Diète se succédaient, orageuses et irritantes, les notes et les protocoles s’entre-croisaient, les ministres des petits États conféraient. Ce fut, pour l’activité et pour l’importance des cours de deuxième et de troisième ordre, un moment d’éclat qui ne devait pas avoir de lendemain. Ce furent aussi de beaux jours pour la diplomatie française. De quelles sollicitations n’était-elle pas l’objet ! Quelles confidences n’a-t-elle pas recueillies ! Si ses portefeuilles devaient s’ouvrir, on verrait quelles conversions le succès opère dans le langage et l’attitude des hommes.

Trop tard ! Il était trop tard en 1870 pour avoir des alliances. Il était trop tard pour que Napoléon III pût réparer ses fautes. Nous avions laissé échapper toutes les occasions, découragé toutes les bonnes volontés, laissé les intérêts prendre une orientation nouvelle. La dépêche d’Ems surprit la France isolée dans une Europe transformée par le principe des nationalités et où Napoléon III ne trouva plus que des rancunes et des ambitions satisfaites. Garibaldi fut seul à protester contre l’ingratitude des peuples pour qui la France avait travaillé. Le geste était beau, mais on vit qu’il était plus aisé de conquérir la Sicile que de tenir tête à Manteuffel.

Les déclarations de M. Émile Ollivier ont ainsi pendant plusieurs mois alimenté la polémique anti-