Page:Bainville - Bismarck.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Inconcevable puissance d’une idée contre laquelle tout, proteste : la raison et l’histoire autant que l’intérêt français. Après Sedan, Napoléon III ne s’y était pas encore soustrait, nous le verrons tout à l’heure. M. Émile Ollivier qui, dans sa patrie déchue, dans une Europe transformée et sans équilibre, assistait aux désastreux effets, — désastreux pour la France, pour l’ordre, pour la civilisation universelle, — de sa chimère préférée, ne revint pas du charme sous lequel fut tenue la jeunesse de son temps. Le dixième tome de son histoire apologétique en est la preuve. M. Ollivier y relate quelques-uns des faits qui furent décisifs pour l’avenir de la France : Mentana, le renversement de l’opinion allemande en faveur de la Prusse, enfin les discussions du Corps législatif sur la loi militaire et sur la politique extérieure de l’Empire. Il y avait, dans ce pénible mais instructif récit, bien des occasions pour M. Émile Ollivier de reconnaître ses erreurs, d’abjurer, instruit par l’expérience, un libéralisme funeste, et de donner l’exemple de l’indépendance d’esprit et du courage intellectuel en proclamant que les idées qu’il avait servies constituaient autant d’outrages à la vérité politique, autant d’atteintes à la chose française.

Il y a quelques traces de résipiscence, il faut le dire, dans le volume de M. Ollivier. En deux circonstances, il exprime brièvement le regret de s’être opposé aux projets du maréchal Niel sur la réforme militaire. Il écrit à un endroit :