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l’assassiner. Gœthe est tiré de cette situation critique par la présence d’esprit de sa « petite amie » Christiane, — une « petite amie » quadragénaire d’ailleurs et qu’il épousa peu après par reconnaissance. Malgré ces mésaventures, Gœthe est encore content. Il ne se plaint ; pas ; il est presque flatté d’avoir été battu par des Français. Eût-on un peu bousculé Christiane elle-même qu’il n’y aurait pas trouvé à redire. Il s’en serait presque senti honoré au fond du cœur. Il était tout à la joie d’être mêlé à des civilisés. On le voit préoccupé de leur faire bon accueil dans sa maison remise en ordre après le pillage. D’ailleurs, on sait qu’il est Gœthe et, par quelques égards, les conquérants ajoutent encore aux bonnes dispositions du grand écrivain.

Le commandant de la place de Weimar avait été bien choisi. C’était un nommé Dentzel, originaire des pays rhénans, dont la carrière au service de la France fut bien remplie, et qui rendit, d’ailleurs, de grands services sous tous les régimes qu’il traversa, et auxquels il montra un égal dévouement. Dentzel, dès son entrée en fonctions, s’empressa d’envoyer au grand homme le billet suivant :

L’adjudant général de l’état-major impérial prie M. le conseiller Gœthe d’être absolument tranquille. Le commandant soussigné de la ville de Weimar, sur la demande de M. le maréchal Lannes, et par égard pour le grand Gœthe, prendra toutes les mesures pour veiller à la sécurité de M. Gœthe et de votre maison.

Dès le 18 octobre, Dentzel entre en relations encore plus intimes avec Gœthe. Il lui écrit :