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qu’il s’accordait particulièrement bien de ce régime, et que la République des honnêtes gens faisait surtout ses affaires de la Prusse. En effets une administration sérieuse et probe assurait temporairement la prospérité de la France, et par conséquent garantissait à la Prusse le paiement des milliards de l’indemnité. Quant à l’avenir, Bismarck n’était pas moins tranquille. De la République conservatrice, il n’avait pas à redouter ce qu’il craignait d’une « monarchie en règle », à savoir, selon son expression, « qu’elle rendît, la France plus forte ». En politique expérimenté, il jugeait que cette combinaison ne durerait pas, que la République conservatrice, selon un mot célèbre, était une sottise, que la destinée de la République était de tomber aux mains des républicains avancés, qui sont les vrais, les seuls républicains, et que les conservateurs resteraient au pouvoir tout juste le temps de régler les affaires ingrates. Le suffrage de Bismarck allait à la République dissolvante. Bismarck était pour M. Thiers. Il s’intéressait avec vivacité aux succès de M. Thiers.. Tout ce qui atteignait M. Thiers atteignait Bismarck lui-même. Le vicomte de Gontaut-Biron rapporte qu’il vit des figures longues, contrariées et irritées à Berlin, le jour où parvint la nouvelle de la démission du 24 mai, après l’offensive des monarchistes à l’Assemblée nationale. Son Journal analyse en ces termes la manière dont Bismarck envisagea cet événement

Le procès du comte d’Arnim, écrit M. de Gontaut, n’a laissé aucun doute sur les intentions et la politique du prince