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des plus enviés de l’Empire. Hohenlohe, dans son Journal, en énumère avec complaisance les avantages : deux cent quinze mille marcs de traitement ; une vaste résidence « éclairée et chauffée », avec un jardimer et un portier aux frais du Trésor. Il ne manquait que « de l’argenterie, du linge et de la vaisselle » pour que sa satisfaction fût sans mélange. Ce n’en était pas moins une compensation agréable et bien due à un prince médiatisé. Le gouvernement de Strasbourg fut accepté comme un pur dédommagement par le descendant des princes souverains et immédiats de Hohenlohe-Schillingsfürst. L’Alsace-Lorraine paya pour la dépossession de 1806 et pour les suites d’Austerlitz. Hohenlohe, à peu près rétabli dans sa dignité, se plut dès lors à jouer au souverain. Il notait le soir sur ses tablettes, avec un scepticisme élégant, que « le métier de roi est un fichu métier ». Et il écrivait cela en français, à la façon de Frédéric II. On n’est pas plus ancien régime.

Il fut potentat et même despote. Il fit regretter Manteuffel aux Alsaciens-Lorrains. Ce « libéral » de Bavière fut, sur la Terre d’Empire, l’auteur de toutes les mesures de répression et de tyrannie. Nos compatriotes annexés continuaient de payer ainsi, comme les Bavarois l’avaient déjà fait, pour la médiatisation, jamais oubliée, des princes de Hohenlohe. Mais, après les Bavarois et les Alsaciens-Lorrains, Bismarck, le roi de Prusse et l’Empire même devaient payer leur tribut à cette vengeance. Chancelier de l’Empire, le prince de Hohenlohe