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tingue fort justement le docteur Faure. Nous ne considérons pas nos patients comme de simples « cas ». La beauté, la souffrance, la noblesse d’âme nous touchent comme les autres. Mais, dès qu’il commence sa fonction terrible, l’opérateur n’a pas trop de toute son attention et de tout son sang-froid. Il doit refouler la moindre émotion, une sensibilité déplacée qui pourrait troubler sa vue ou faire trembler sa main. Il n’a pas le droit de voir dans le patient endormi sur la table autre chose qu’un « sujet ». Le calme et la propreté, dit le docteur Faure par une formule frappante, sont les deux qualités premières qu’il faut au chirurgien. De l’une comme de l’autre dépend le salut de l’opéré. Que de dangers lui ferait courir un chirurgien qui perdrait la tête à la vue du sang et serait incapable d’arrêter une hémorragie ? D’ailleurs, ajoute le docteur Faure en bon observateur, « l’activité tue l’émotion », et il est bon,