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mettre bout à bout des observations. À son chapitre sur l’hérédité chez les écrivains, les savants et les artistes, le cas des Daudet ne fournirait pas une contribution négligeable.

Lorsque M. Léon Daudet, abandonnant la médecine, débuta dans la littérature, il semble qu’il ne pouvait guère affirmer davantage qu’il ne fit les traits qui le séparaient de son père. Ah ! certes, ce n’est ni des Amoureuses ni d’autres Lettres de mon moulin qui constituèrent ses premiers essais. Aux sourires, aux fleurs, à la lumière dont rêvait son père lorsqu’il débarqua dans Paris — on sait avec quelle grâce il a raconté ses souvenirs — M. Léon Daudet préféra l’horrible, l’hermétique, même l’extravagant. Il était méridional lui aussi mais comme un moine espagnol ou un magicien d’Afrique. À l’âge où son père inondait ses contes des beaux rayons d’un soleil provençal, il jetait sur les siens les clartés de l’« Astre noir ».