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Dans le bureau de M. Sinet, on entend beaucoup de choses : par une porte, le bruit d’averse des linotypes, par les fenêtres la danse en sabots des rotatives, à travers le parquet le transporteur mécanique et son charivari d’Auguste. Cela fait beaucoup de bruits.

— C’est intenable, déclara M. Siburd. Nous allons chercher un remède.

Le lendemain, en traversant le couloir, M. Sinet donna dans un homme qui avait décroché la porte. Cet homme rabotait.

— Que fais-tu là, mon ami ?

— Moi, M’sieur, je rabote.

— J’entends. Mais pourquoi rabotes-tu ?

— Je vais mettre un verrou, M’sieur.

— Un verrou à cette porte ! Pourquoi faire ?

— Ça, M’sieur !… M’sieur Siburd m’a dit : « Mettez un verrou ». Moi, je mets le verrou.

— Bon, bon, mon ami. Mets ton verrou.

Sur le coup de midi, M. Siburd vint inspecter si on avait mis le verrou. On l’avait mis, on ne l’avait pas poussé : M. Siburd poussa le verrou.

— Cette porte, Monsieur Sinet, servait à trop de monde : les télégraphistes passent par là, les rédacteurs, les raseurs, nous-mêmes