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« On apporte l’oxygène… » et finalement : « Chéri, ça y est ! »

— Et tu ne crains pas, mon vieux, qu’un journaliste plus beau, ou bien un fumiste…

— Oh ! dit Jean Lhair, ce qui m’est téléphoné par l’une, m’est confirmé par l’autre…

Car Jean Lhair est de taille !

Un jour, on annonça l’agonie du « Vieux ». Le « Vieux » était une Majesté dont la mort importait non seulement au pays mais à l’Europe. Cette fois, pas de soubrette, pas de cuisinière. Jean Lhair dut aller.

Sa Majesté agonisait dans un château, loin, au milieu des champs. Il tombait de la neige. Beaucoup de confrères attendaient devant la porte. Un majordome vint leur dire :

— Rangez-vous le long de ce mur. Quand ce sera le moment, on vous avertira.

Le premier jour, Sa Majesté n’alla pas mieux, mais il neigea plus fort. Le deuxième jour, il neigea davantage. Le troisième jour, ne voulant pas mourir avant le Vieux, les journalistes s’achetèrent une roulotte et quelques jeux de cartes. Bien leur en prit. La neige s’élevait à deux pieds et Jean Lhair s’exclamait :

— Zut ! j’ai perdu cent balles !

Quand le majordome entra :

— Messieurs, Sa Majesté est morte. Venez La voir.

Sa Majesté n’avait jamais été gentille pour les journalistes :

— Le salaud ! grogna Jean Lhair, il nous aura ennuyés jusqu’au bout.