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— Après tout, on est mieux chez moi. Venez. Et si M. Siburd n’est pas content…

— Oui, a répondu Rogniez. Et, un de ces jours, j’apporterai un jeu de cartes.

— Moi, dit Rogniez, je lis la Bible : je suis protestant.

Un Rogniez protestant, cela m’intrigue. Il doit tenir cela de naissance. Mais combien de cafés devrions-nous traverser pour remonter jusque-là ? Je préfère ne rien savoir.

Quand il ne pense pas à ses amis, les histoires de Rogniez sont quelquefois très courtes :

— Dans le temps, j’étais metteur en pages, dans un autre journal. Tout le monde fait des gaffes : je faisais les miennes. Le directeur me consolait : « Ce n’est rien, mon ami ; un journal qui n’a pas sa gaffe, n’est pas un journal ».

— Ça ! conclut Rogniez ; ça, c’était un directeur !


Comme Latude.

Un dimanche morne. Peu de copie. Derrière ma table, je bâille. Rogniez casse la croûte :

— Tiens ! fait Rogniez : elle est là !

— Qui ça, Rogniez ?

— La mouche. Là, sur la table, près de votre main.

— Eh bien ? Qu’est-ce qu’elle a fait, cette mouche ?

— Depuis longtemps, je l’observe. Elle est là, tous les soirs. La voilà qui s’envole. N’ayez crainte : elle reviendra près de votre main… Là ! Qu’est-ce que je disais ?