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MOI, JE…

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Je ne serais pas ce que je suis, si sachant comment vivent les Trappistes, je ne voulais vivre quelque peu comme les Trappistes.

La première fois qu’avec Benooi, j’ai visité le couvent :

— Benooi, ai-je dit, je crois que j’ai raté ma vocation ; j’aurais dû me faire Trappiste.

Benooi m’a regardé, mais il n’a rien dit, parce qu’il sait se taire.

Je deviendrais volontiers un ascète dans le genre de Ruysbroeck, parce qu’on l’appelle l’Admirable.

« Si vous voulez être parfaits… »

C’est la parole du Christ : les Trappistes ont fait ce qu’il faut : ils sont parfaits. C’est agaçant de savoir que d’autres sont parfaits, alors que soi-même on ne l’est pas.

J’interroge le père Isidore :

— La vie monastique est très belle, n’est-ce pas, mon père ?

— Oui, mon enfant, très belle.

— Moins belle cependant que la vie du prêtre dans le monde.

— Plus, mon enfant, et suivant le Christ la seule parfaite.