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Le Prieur étant mort, il est question de nommer le père Isidore à sa place. Tout le monde le sait au couvent, même le père Isidore qui est cependant un moine très modeste.

— Je suis, dit-il, une flèche entre les mains de mon supérieur. Où on me lance, j’irai.

Mais je devine où le saint homme voudrait qu’on lançât cette flèche.

Jaloux de sa dévotion, je savoure un instant la joie mauvaise du critique.

Le Père Herman.

C’est lui qui tient l’harmonium, au milieu du chœur, où les plis de son manteau tombent en de si belles lignes. Il a fait des études. C’est l’érudit du couvent, le seul qu’on aperçoive quelquefois à la bibliothèque.

Ses parents vivent à Forest, aux environs de Bruxelles.

Gille, mon ami, qui est également de Forest, vient un jour me voir, chargé de présenter au père les compliments de sa famille.

Nous l’attendons un long temps au parloir.

— Je viens, commence Gille, de Forest…

— Forest… Forest… réfléchit le père, c’est possible… je ne me souviens pas…

Puis il part, en saluant de la tête, car il est poli…

Le Père Joseph.

Père Joseph est si petit qu’on a beau lui rogner les manches, elles sont toujours trop longues. Les bras pendants, elles traînent jusqu’à terre et quand il entre ainsi à l’église, on voit s’avancer quelque chose de blanc et de bas, comme une poule qui marcherait sur ses ailes.

Signes.

Depuis que je les fréquente, les frères qui ne peuvent converser entre eux que par signes, ont dû en trouver un nouveau