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sion ; elle n’aurait pas voulu tromper Vladimir ; c’était quelquefois difficile.

Après, elle ne refusait pas un bout de causette. Elle s’assurait :

— Êtes-vous content ?

Ainsi travaillait Marie. À l’aube, quand elle rentrait, cela faisait de l’argent.

Et Vladimir ?

Vladimir, le petit homme, des cheveux à l’eau de Cologne, de fines cigarettes, sur le divan la sieste : « J’ai loué ma terre, j’ai planté, dessus, de beaux arbres, de jolies fleurs, une grande maison. Cela m’a coûté, mais cela rapporte… »

À ne jamais travailler, on se fatigue. Il bâillait : « Petite, si tu savais ce que j’ai mal aux jambes. » Elle sautait bas du lit sur les siennes. Elle lui soignait son chocolat : c’est bon, le chocolat que l’on soigne pour son petit homme !

— Petite, j’ai vu une bien belle bague.

Pas pour elle, bien sûr ; les bagues scintillent mieux aux doigts à ne rien fiche du petit homme. Elle le taquinait :

— Nous verrons.

Le petit homme finissait toujours par avoir sa bague.

Avec son brillant, avec sa raie, de tous les Vladimir, de celui de la dame en rouge, ou de la dame en vert, le Vladimir de Marie était le plus beau.

— Hé ! hé ! Je voudrais bien être à sa place.

Ainsi pensaient les autres, non pas avec des mots ; mais leurs yeux le pensaient, leurs manières, leurs bouches en cœur : « Bonjour, Mademoiselle Marie », quand ils la rencontraient seule.